IV
Des nymphes blanchâtres à la Puvis de Chavanes planaient depuis les cimes du
Monte Cintento jusqu 'au Mont Athos, histoire de donner des idées aux moines barbus .Une idée de femme amoureuse, un peu coureuse, un peu gonflée de désirs Elle fut facile à embarquer, l'amant ne se prenait pas pour un dieu grec; les Dieux grecs, il s' en tapait, lui il venait du Livre . Ce Livre là lui en avait appris
tous les mots ,et les mots c’était justement ce qui étanchait ce penchant queTaghrid demandait à la vie .
Il la pria de le conduire au sommet de la vague parce que la mer, il ne connaissait pas bien, il venait des sables, de l‘autre côté du monde occidental. Mais entre ses berechits, ses parachas de croyant elle avait su voir l‘amant .
- « Puis-je dire « tu »? Je le sens comme ça, mais dès fois ça peut mal passer.
En principe d'ailleurs, justement, je ne le fais pas. Donc: connais-tu la Genèse ?
Si ça passe pas, il faut traduire : Connaissez-vous la Genèse ? Mais avec la traduction, on perd toujours un peu ».
Ça tombait du ciel; ce Dieu qui crée un homme et une femme , c’est qu‘il a déjà
une idée derrière la tête .
- « A toi de parler le premier »
- « Il y des mots qui me plaisent »
- « Une fois j'étais à une soirée. Il y avait une fille. Nos regards se sont croisés. Je me suis approché d'elle. Je lui ai dit: Vous avez l'impression que nous nous sommes déjà rencontrés »
-Elle m'a dit oui et pourtant ça n'est jamais arrivé .C’'était vrai. C'est tout.
- « Aie............Ton histoire ci-dessus ressemble à un conte de fées qui a viré ..
-« Laisse moi imaginer une autre histoire que nous allons écrire ensemble.-
Toi , tu me parles, moi je rêve, toi, tu m 'écris, moi je m 'envole, toi, tu ne t'arrêtes
jamais, moi je monte toujours, et un jour on aura fait un chemin
ensemble».
- « C'est très difficile, je ne crois pas que je puisse. Cette histoire m'est arrivée
deux fois. »
Ce n'était qu 'un petit caillou qui ferait mal plus tard. Sur l'instant il suffisait de
secouer sa chaussure. Sans effort, elle s’était laissée hisser au Mont Amour des croyants du peuple élu là où la souffrance est un devoir du corps et de l 'âme.
- «La deuxième fois , j'étais un adolescent, l'autre était une vieille femme.
C'était dans un un quartier de Jaffa où je n'avais jamais mis les pieds. De l'autre
côté de la rue, je l'apercevais qui me souriait. J'ai traversé et je lui ai dit, spontanément,
dans un grand étonnement :
.- « Mais on ne se connaît pas. »
Elle a souri. Elle n'a rien dit. Je me suis senti enveloppé d'amour !
- « Je vais te raconter mon histoire »
Un jour, j 'ai lu un sonnet de Pétrarque et j 'en fus tourneboulée ».
C'est comme ça que j 'ai appris le monde des poètes parce que dans le pays où
je suis née, j 'étais seulement tombée amoureuse du soleil de la mer et des
chants berbères .
- « J'aimerais lire toutes tes histoires d'amour, même les dures. J'aimerais apprendre
l'histoire de la musique de ton pays».
- « Parlez moi d’amour , Monsieur, d’amour et de fantaisie, et d'abord , je ne
vous connais pas ........
- «Je vous aurais sans doute confondue avec une autre, mademoiselle »
- « J'ai peut-être pris certaines paroles à la légère. Un rien me met sens dessus
dessous ».
. - »Parlez moi, dites ce que vous voulez mais parlez .
- « Non ! je veux t'entendre. C'est moi qui ai du mal à parler. Mais je vais continuer.
Comme je peux.Tu-vous me plaisez
- « Comment s’appelle ce jour ? Il devrait avoir un nom, un signe, une voix? »
- « Cela dépasse ma science, mais, tout à coup, je pense à Lucifer. Allons savoir
pourquoi. Lucifer que les anciens confondaient avec Vénus alors que l'une
est du soir et l'autre du latin. A y perdre son matin ! La belle grecque ne savait
plus à quels dieux s'avouer. Qui s'en étonnerait ?
- « En l'occurrence la berbère préfère ne pas être confondue avec une page de
l'histoire de Rome mais elle est bien aise d’ entrer dans l'histoire d’un homme
qui en savait trop et , allez savoir pourquoi, à quel dieu , cette écervelée
s’avoue-t-elle apprivoisée ? »
- « D-ieu seul le sait, Il n‘en sait pas trop, Il sait seulement »
Comment ce jour se métamorphosa sous ses yeux? Elle ne put qu' écrire Msāʼal-Khyr, bonsoir en arabe .
- « Et j'ai envie de te répondre merci; le diable sait pourquoi.»
.- « Non ,j e t'en prie, si tu savais la douceur des Msāʼ al-Khyr, à la tombée du
jour, à l 'heure bénie où tout est redevenu calme, rite achevé , maisons, jardins
et mosquées assouvies des fièvres du jour, quand le gardien a fermé la grille.
- « J'éprouve une gêne très agréable à te lire et ne pas savoir quoi te répondre sinon
continue »"
- « Je ne peux continuer à te soumettre à une gêne fut -elle agréable .
- « Comme le coeur t'en dit, parce que moi, le coeur m'en dit. Enfin, pour ce
que j'en connais. Il m'a joué tant de tours.. »
- «Tiens cela me fait penser à un jeu. Si tu te définissais par un adjectif, un seul,
lequel serait-ce ? »
-« folle et digne de l 'être »
-« superbe »
- « Hum! cela m 'a valu deux déconvenues ! »
Pendant qu ‘ils discouraient ,Taghrid déroulait son tapis de prières , remerciant
Allah et tous les Allahs du ciel qui lui envoyaient un homme à adorer .
-Tu n'est pas seulement folle, tu es douce. Folie douce et douceur folle sont ta
matière constitutive.
-Monsieur l 'élégant en chemise bleue, vous m'entrainez , aussi je me vêts de
mes plus beaux atours et je les laisse tomber à vos pieds; mes cuisses sont encore
fraiches car je reviens du lac où j 'ai nagé d' une rive à l 'autre ,cet homme
là ferait bien de me rejoindre prestement .....
-Pour en revenir à toi, je voudrais te la jouer en douce dans un accord parfait,
avec la note sensible, cela pourrait être le si, cela me convient parfaitement .
rien de radical, tout en douceur, comme ma main qui glisse....aller à la source
de la vérité, la recevoir en pleine face...
-Je suis dans la mélopée des rives de l 'autre coté de la mer, nue sur la terre battue, je t'attends, mets la djellaba que je te tends sans te soucier de ce qui n 'est pas nous, sois ce barbare converti à la tendresse..
-Avec un petit souvenir au fond de toi, j'aime que tu me donnes l'occasion
d'être aussi délicat. Ai-je jamais eu autant de tact avec aucune femme ? Je me le demande. Ai-je jamais été aussi raffiné ? Avec toi, je suis en progrès, je sens que je peux mieux faire.
Ce crétin de Platon avait peut-être raison l 'idée plus forte que la chair!
Elle se sentie enchainée pour l' éternité devant un radieux mur de lamentations,
unie à Shlalm entre deux prières l 'une à Allah, l 'autre à Adonaï. Ces deux là
sauraient faire les tours de passe - passe nécessaires pour les faire roi et reine
des vieux murs de la médina, enlacés tendrement,bestialement,culturellement.
- Besoin du vent , du mur et du ciel pour oeuvrer, gueuler, dégueuler aussi...
pénétrer cette aire sans matière où tout est permis, rages, repentirs, sensualité,
amants, putes, armoiries , robes de princesse, arabes en djellabas, pierres
précieuses et verroterie d' un soir de mai .
Je n'avais jamais vu , entendu mes parents prier, ni mes grand- parents. Peut
être priaient -ils tous en silence, à moins que tous musiciens ils ou elles aient choisi cette formule. Je sais combien un Mozart,un Brahms ou une chansonnette peuvent ébranler une âme, dans un univers raviné, par la souffrance comment une petite note de musique, la transparence d' une goutte d'eau ont la puissance d'un cratère en feu ..et la transformer en une réalité
pareille à un oiseau de feu périssant avec joie..
Que le le veuille ou pas , j ‘ai Bach dans les oreilles. J ‘ai fini par le savourer
plus tard avec Glenn Gould au piano , le seul qui ait su égrener la vie musicale
de ce compositeur – mathématicien de génie. Dans certains de ses enregistrements , je l ‘entends respirer, chantonner, mais je continue à penser que ces compositions s’ adressent à l ‘ intellect plus qu ‘à l ‘âme; qu ‘elles ont
été comme des cathédrales qui auraient eu un chef de montage de l ‘espace , lequel aurait mis en présence une magie de la matière-voix dans un arrangement enchanteur du monde céleste mais dépourvu de de la vision de ce ciel divin.
Croyant avoir épuisé joies et tristesse,je me suis demandée si J.S.Bach avait connu ou entendu un « Aum »! J'entendais sa musique comme une intouchable. J'avais tort,Bach est l'inaltérable maître des voix des orants des mondes mugissant devant tous les murs de lamentations étendus depuis la Grande
muraille de Chine jusqu 'aux confins de la Mauritanie.
Mon père et ma mère avaient connu la souffrance, mais nos dimanches avaient
gardé la fraicheur des brassées de marguerites, des asphodèles, des genets blancs, et hormis le burnous avec lequel mon père était revenu du Sahara, et qu'il portait en ville quand il avait trop froid rien dan cette maison ne révélait
une appartenance religieuse.Tout laissait croire que le mot divin appartenait au
vocabulaire de l'antiquité ou au domaine poétique .
À la maison nous n ‘avions aucun sens religieux; nous étions hors norme.
La ligne droite avait du être créée pour mon père tellement merveilleusement illustrée chaque jour de sa vie, un habit de l 'esprit qui habitait sa chair d'homme longiligne, sec et rapide ouvrant pour nous ses grands bras comme des ailes de protection.
Comme le chant des oiseaux qui ne savent rien de la magie de leurs effets sur nos coeurs, la voix du muezzin dans le pays de l 'enfance, montant immaculée dans l 'air pur du matin s'évaporant jusque sur les terres d' Orient
m 'unissait à ma terre , à ma mère .
Après chapitre IV
A ma connaissance , l ' immense majorité des gens ne tombent pas dans les panneaux d' un petit gagne -pain de troisième zone parce qu ' il est moine ou
nombriliste , mais toi tu es montée au cratère de la sensualité juste en visant la moulure d' un trompe -l'oeil d' un palais dans Venise la dorée purifiée de
se ors et de ses artifices comme des musulmans vidés de leur foi.Donc ma chère muse, évite de mettre en priorité les arpettes et les nourrissons de la religion avant de t 'en faire un roman
A ma connaissance , l ' immense majorité des gens ne tombent pas dans les panneaux d' un petit gagne -pain de troisième zone parce qu ' il est moine ou
nombriliste , mais toi tu es montée au cratère de la sensualité juste en visant la moulure d' un trompe -l'oeil d' un palais dans Venise la dorée purifiée de
se ors et de ses artifices comme des musulmans vidés de leur foi.Donc ma chère muse, évite de mettre en priorité les arpettes et les nourrissons de la religion avant de t 'en faire un roman
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire