lundi 15 avril 2013

Rokia Traore , douceur de la terre africaine




 

Je suis resté longtemps imprégné des effluves du temps béni de mon enfance africaine encore tiède.
Les images des choses vécues n'ont jamais disparu, elles ont fait de moi un inconnu dans la famille. Je gardais toujours en réserve cet instinct de possession de ma terre de naissance, mais par dessus tout, c'est la douceur prodiguée par ma gardienne, Hessie, qui réchauffait ma mémoire.
Elle avait su aimer, protéger la vie du petit homme venu du paradis, ce qu'elle chantonnait en s'occupant d'une pièce à l 'autre.
Elle me jardinait.
J'avais besoin d'elle nuit et jour, besoin de sa main dans la mienne, de la sentir dans les parages.
Je voyais dans son regard tout ce qu'un enfant fragile troublé par cette terre de chair et de sang pouvait mûrir comme lien, complicité. Dans quels résidus infus étais-je allé dénicher, rendre sensible à mon épiderme cette puissance en montée du sol ?

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