Voici ce qui arrive à celles et à ceux qui écrivent des « billets fous ».
J’avais beaucoup travaillé sur de toiles , des surfaces murales, des plafonds ;
J’avais peint des anges des personnages gracieux, puis un jour ou plutôt une nuit je succombai dans un rêve où je me prenais pour un peintre . Ce que je dessinais ne ressemblait à rien , rien de reconnaissable .
J’étais seule dans ma nuit mais j’étais brave et je m’acharnais. Les mois , les années furent douloureux .Je ne voyais pas où ces traits me menaient .Mon wagon traversait des tunnels les uns après les autres et parfois un petit rayon de satisfaction surgissait sous mes doigts .
Ça se passait à NYC dans la 19 th street à Chelsea entre la 9eme et la 10 eme Avenue .
Mon propriétaire Sam Pomerantz venait souvent me rendre visite depuis le rez-de- jardin où il habitait .Ce vieil homme collectionnait les masques .Je ne saurai jamais pourquoi ;tout ce que je savais de lui était qu’ il avait échappé aux nazis. Sa gentillesse pour moi se manifestait aussi dans sa non exigence de mes loyers in due -time .
Ceci n’était que le début d’ un tissu à textures multiples , un tissu complexe où les gens, les choses , les idées se mettent en marche, font des pauses et repartent dans une nouvelle aventure , le tout avec le plus grand naturel.
Naturellement , oui mais pas aussi innocemment et parfois sans douceur .
Je n’étais plus celle d’avant et n’étais pas encore devenue une autre . Je ne pouvais aller plus avant sans une orientation .Autour de moi on s’ inquiétait à peine, j’étais dans l’absence , que devais -je faire ? Implorer ? Mais qui?
Abandonner ? C’était disparaître sans vertu est sans courage .
Je me questionnais: en pente ou en ascension? Nord , Sud, Est , Ouest n’avaient de sens pour la petite chose qui tournoyait entre les parois lisses parfois, rugueuses ailleurs sur un terrain qui ne pouvait se nommer .
C’était l’ oiseau animé du venin de la peur d’ être assassiné par un chasseur sans fusil.
Tout ça pour des clopinettes?
Et si les fous des billets n’étaient pas si fous?
Ça se passe toujours à NYC .l’amour que j’ai pour cette terre -là, that’s the question !Mon amour pour cette terre c’est aussi de remettre mes pas dans le assé de mes empreintes américaines , autrement -dit , je navigue dans un temps qui me libère du linéaire et agit sur moi comme une bénédiction .Le monde des sous s’ émiette sous mes yeux ; je retrouve les rues à NYC résonnantes comme le premier jour d’ une renaissance artistique , un jour de myriades de monades annonçant la lune et les étoiles en plein jour , bénissant ma vie suivie
d’ une autre vie .
Au dixième étage de la maison de mon hôtesse , des jeux de courbes et de droites m’ unissent à ce lieu avec un lien de compréhension qui me prend à la gorge et gagnent mon corps dans un monumental instantané coup de stupeur .
Monumental, oui , et soudain.
Bien d es années séparent ces tableaux de ma vie actuelles , bie es écrits ont engagé ma vue et mon inspiration depuis le moment de leur naissance jusqu’aujourdhui , mais le mot de jumelage dans les deux cas est renaissance.
Jumeler et commencer un autre chapitre c’est juste être amoureuse et infidèle dans les mêmes conditions . Mais surtout agir en assoiffée de créativité magnifique avec un certificat de bonne conduite , le ventre joyeux et la magique complicité d’ une amitié divine , connaissant enfin la paix d’ une comateuse dont la punition est définitivement achevée:marier un certificat de bonne conduite avec la joie d’ un assoiffé .
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