Saison de la terre qui meurt en
crescendo pour devenir le puissant, l’amoureux, l’Homme de la mémoire
des morts, des racines, des arbres, des nuits de méditation réanimées
par les vents musiciens des mers parcourant les montagnes sans oublier
les chemins creux des villages, les médinas, les clochers des églises,
les temples et la grande muraille de Chine.
Chaleur émise du fond de la terre.
Émanation d’un feu des urnes des rois et reines d’un monde tectonique
qui mettent en léthargie les ondes mugissantes et vociférantes des
terres du vieux génie des arts de la Renaissance régnant depuis quatre
et cinq siècles sans une écorchure. Trahisons, hésitations, peines,
repentirs non pas enfouis à jamais mais simplement en état d’ hypnose.
Le charpentier flamboyant d’amour et de
patience pour les existences futures, posant un regard apaisant sur les
êtres et les choses à venir, désarmé de toutes calomnies et menaces, est
à l’œuvre.
Juste temps de l’ensevelissement comme
pourrait être une île ignorée irriguant le vaste monde des artistes à
naître, des poètes, de tous ceux qui verront dans un brin d’herbe
l’enchantement de la forêt de Brocéliande, qui dévoileront la beauté
chez de nouveaux esprits dans le monde de la pensée où vie et mort sont
bien les deux maux d’un même engagement. Mais entre les deux, deux
temps : celui de la grande découverte de soi et celui de la source du
même soi.
Y aurait-il une mémoire dormante dans la magnitude d’une terre en pleine effervescence animée des mêmes agitations que le ciel ?
Les pères de tous les déserts modèlent
l’argile façonnant avec leur métier de fondeur de plomb la forme du vase
pour léguer leur foi qui rendra leurs ors aux petites pousses du
printemps.
La froideur de la croûte terrestre, les
branches sèches, les troncs dépouillés tels les Dieux oubliés, les rocs
patients et prometteurs, seront prêts à livrer leurs secrets à l’artiste
pour qu’il célèbre à sa façon la magie du renouveau dans les rites ou
les chagrins de son parcours.
Comme le grain de sable tapi au fond des
océans, ébloui par les rayons d’un soleil venu le bouleverser par sa
grande force échouée sur les profondeurs marines, c’est au plus creux
des champs, des vallées, de tous les continents que « La condition humaine qui contient toujours tous les possibles »
ira nu-pieds, libérée, pour s’égarer dans la découverte de couleurs
surgissant au-delà des frontières invisibles, comme on dirait
au-delà des Monts de tous les Désirs.
Retenant
la leçon du charbonnier qui avait foi en son pouvoir de chauffer entre
ses mains les parois de l’Athanor pour maintenir le feu secret des
Dieux, oscillant entre le ciel et l’enfer, aventureux de boire dans la
même coupe le miel et la myrte de ses désirs, il créait sans le savoir
le Fils de l’Homme dans l’adoration, en réparation des cruautés d’un
artéfact de religion où Dieu était la monade des assassins d’une
jeunesse innocente.
Méditation ne saurait remplacer la vertu
du Sauveur de la Mer et des Étoiles, miroir des ors rougeoyant d’un Fra
Angelico, des ors pâles d’un Michel Angelo mourant tous deux un
dix-huit Février, jour où un autre artiste poussait son premier cri de
vie, délivré de ses rites, bouleversé, reconduit, remodelé par le signe
transparent le plus puissant qui puisse parvenir jusque sur la terre,
« l’Amitié du Ciel ».
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