dimanche 27 mars 2016

Après Hypnos, Te Deum





Saison de la terre qui meurt en crescendo pour devenir le puissant, l’amoureux, l’Homme de la mémoire des morts, des racines, des arbres, des nuits de méditation réanimées par les vents musiciens des mers parcourant les montagnes sans oublier les chemins creux des villages, les médinas, les clochers des églises, les temples et la grande muraille de Chine.

Chaleur émise du fond de la terre. Émanation d’un feu des urnes des rois et reines d’un monde tectonique qui mettent en léthargie les ondes mugissantes et vociférantes des terres du vieux génie des arts de la Renaissance régnant depuis quatre et cinq siècles sans une écorchure. Trahisons, hésitations, peines, repentirs non pas enfouis à jamais mais simplement en état d’ hypnose.
Le charpentier flamboyant d’amour et de patience pour les existences futures, posant un regard apaisant sur les êtres et les choses à venir, désarmé de toutes calomnies et menaces, est à l’œuvre.
Juste temps de l’ensevelissement comme pourrait être une île ignorée irriguant le vaste monde des artistes à naître, des poètes, de tous ceux qui verront dans un brin d’herbe l’enchantement de la forêt de Brocéliande, qui dévoileront la beauté chez de nouveaux esprits dans le monde de la pensée où vie et mort sont bien les deux maux d’un même engagement. Mais entre les deux, deux temps : celui de la grande découverte de soi et celui de la source du même soi.
Y aurait-il une mémoire dormante dans la magnitude d’une terre en pleine effervescence animée des mêmes agitations que le ciel ?

Les pères de tous les déserts modèlent l’argile façonnant avec leur métier de fondeur de plomb la forme du vase pour léguer leur foi qui rendra leurs ors aux petites pousses du printemps.
La froideur de la croûte terrestre, les branches sèches, les troncs dépouillés tels les Dieux oubliés, les rocs patients et prometteurs, seront prêts à livrer leurs secrets à l’artiste pour qu’il célèbre à sa façon la magie du renouveau dans les rites ou les chagrins de son parcours.

Comme le grain de sable tapi au fond des océans, ébloui par les rayons d’un soleil venu le bouleverser par sa grande force échouée sur les profondeurs marines, c’est au plus creux des champs, des vallées, de tous les continents que « La condition humaine qui contient toujours tous les possibles » ira nu-pieds, libérée, pour s’égarer dans la découverte de couleurs surgissant au-delà des frontières invisibles, comme on dirait au-delà des Monts de tous les Désirs.

Retenant la leçon du charbonnier qui avait foi en son pouvoir de chauffer entre ses mains les parois de l’Athanor pour maintenir le feu secret des Dieux, oscillant entre le ciel et l’enfer, aventureux de boire dans la même coupe le miel et la myrte de ses désirs, il créait sans le savoir le Fils de l’Homme dans l’adoration, en réparation des cruautés d’un artéfact de religion où Dieu était la monade des assassins d’une jeunesse innocente.
Méditation ne saurait remplacer la vertu du Sauveur de la Mer et des Étoiles, miroir des ors rougeoyant d’un Fra Angelico, des ors pâles d’un Michel Angelo mourant tous deux un dix-huit Février, jour où un autre artiste poussait son premier cri de vie, délivré de ses rites, bouleversé, reconduit, remodelé par le signe transparent le plus puissant qui puisse parvenir jusque sur la terre, « l’Amitié du Ciel ».

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