dimanche 6 mars 2016

« Je vous écris d’ Oran » ...En attente






Ma pugnacité vole dare dare en 3 nano secondes au secours d’un peuple pris dans les filets d’ une destruction massive de la raison raisonnable louable de réclamer la protection de ses citoyens tricotés, récoltés recueillis inoffensifs innocents tissés, métissés devant une une horde déferlante .

Mon grand père Caggini avait ouvert sa maison de Gambetta à Oran pour accueillir un défilé d’Espagnols sans distinction de rang social . IL y eut dans les chambres de haut en bas de la maison des chirurgiens des électriciens des maçons et des universitaires . De logues années après que mon grand- père ait quitté cette terre, il y avait encore chez nous des gens qui parlaient espagnol, me parlant de Picasso , de Garcia Yorca qui venaient manger à deux heures de l ‘après midi ou à onze heures du soir . Nous les enfants trouvions ça naturel .Bien qu’ayant appris l ‘allemand en pre­mière langue , il reste que je peux comprendre cette langue .
J’ai grandi à Oran , Sur le parcours qui menaient à la rue Beauprêtre , une cote rude qui me­naient au lycée  nous partions en groupe , laissions rue Gal Leclerc devant l ‘École Jeanne d’Arc celles qui portaient un uniforme .Les autres , comme moi avaient encore une bonne trotte à faire avant de passer devant la Cathédrale , acheter un agua limone et traverser la cour de l ‘ancien couvent transformé en Ly­cée . Elles s’appelaient Myriem , Estelle Kenza , Leila ,Maria elles portaient un tablier bleu et c’est tout .C’était le temps des soquettes blanches , des mises à la porte de la classe pour un fou rire qui dissipait les copines , des visites impromptues de la directrice où tout le monde se levait pour saluer ,des colles du samedi après-midi et des jupes sages . Les garçons qui avaient les mêmes horaires que nous tournaient au coin du Clichy pour rejoindre le Lycée Lamoricière . Mon père l ‘avait fréquenté . Mon grand père lui avait eu un parcours plus exotique . Ma mère avait été elle aussi dans le même Lycée .Le tout pouvait nous faire croire que nous étions chez nous .
C’est la fin d’ une histoire d’ enfance .

Une fission venue des armées de l ‘Histoire me ramenait sur les rives d’ une planète où on m ‘appe­lait « pied- noir »! Mais à y regarder de plus prés je me demande ce qui me distinguait des no­mades du pays qui s’enfonçait loin derrière les côtes algériennes, eux qui sillonnaient le désert à dos de chameau sans se soucier du cafouillage des choucas embourbés dans les coins mortifères pleins de détritus . Des silhouettes bleues qui maîtrisaient leur espace , connaissaient les puits , les oasis , savaient faire de quatre bouts de chiffons un abri pour femmes et enfants . Ils occupaient le territoire mais ne le possédaient ; la simplicité et la grandeur de leur solitude m ‘ont fait entrevoir des frontières invisibles .


Enrobée de bleu parcourant une cartographie à échelle cosmique, je commence une aventure qui me confère un état privilégié d’ ubiquité , un pied en Chine et
l ‘autre en Amérique , tel un oiseau à deux pattes dansant le hip -hop et le pas de deux comme Salah le danseur des rues .Sa gestuelle enseignait la rage du siècle en marche .
La logistique de monstres à visages humains, fossoyeurs de la moitié du début vingt et unième siècle ouvrait le Bal des Maudits.


Reste que ma soirée à regarder « The pianist » fut un grand moment avec la vie et la mort, un art de mener encore plus loin le cataclysme d' un jour de guerre dans le pays où la valse et le monastère ont joué la plus inconce­vable des monstruosités de la terre, sans perdre un seul instant, sans une once de répit dans une juxtaposition d' horreurs et de magies venues du fond des âges entre des murs de parpaings ensanglantés par la mort de joueurs de luth amoureux de leur monde .



C ‘est enfin la nuit , il fait beau .
J’eus une belle émotion en même temps qu’ une image sacrée : ma mère m’offrit un prélude de Bach qui m ‘apaisa avec un mot que je médite encore «  Toi c’est moi et moi c’est toi ». Chaque note comme chaque lettre résonne en moi comme un sacrement .

Aucun commentaire: