Matisse ouvre la voie aux fauves, Nietzsche mène les ânes à la fête
Initiation d’un croisé
Royauté d’un réfugié improbable en collant de danseur
Danses de monstres médiatiques
Bourrée des ânes
Roman inoubliable d’un crieur de la caravane sur les chemins erratiques de la foi.
Il était une fois un montreur d’hommes
jurant comme un charretier, hurlant comme un loup, menaçant comme une
bête sauvage, priant comme un artiste paniqué à l’idée de vendre sa
musique aux briseurs de rêves, car il devait rendre leur liberté à des
ânes jouant à être des croyants…
Ce magicien à tête de clown triste leur
dit en les montrant du doigt : « vous êtes des géniteurs de miroirs
d’ânes, vous qui adorez un Dieu masqué sous une tête d’âne. Mais un Dieu
démasqué pourrait peut-être arriver à donner à votre pauvre condition
un visage d’artiste honorant un commencement de partage entre l’Homme et
la Bête ».
Un imitateur de roi, paré des ailes de
la grâce se détacha du groupe et se mit à danser. Il avait la jeunesse,
la vigueur qui bondissait en ligne directe depuis les steppes de l’Asie
Centrale, Rudolf Khametovitch Noureev. Seigneurial, nu, intrigué par le
spectacle du troupeau des maîtres de la médiocrité, anémiés, il
pirouettait sans jamais montrer son visage tandis qu’il dansait le long
des rives du fleuve.
Les ânes de la plaine qui ne savaient
que gémir et marcher la tête baissée le persiflaient et continuaient à
prononcer des prières réglées comme des formules mathématiques.
Ingénieux comme peut l’être un réfugié,
avec une autorité naturelle, lumineux, conditionné, amoureux de son
corps, il jeta un regard de dédain sur les ânes qui mouraient de honte
dans leur peau de bête, pitoyables, défigurés.
L’étranger virevolta, les bénit comme des numéros, un par un et disparut dans les chemins menant au monde de la chrétienté.
L’omerta prit fin quand Matisse le
magicien des nus et des rois de la musique prit à bras le corps cinq
messagers parmi ânes et hommes jouant de toutes leurs facultés dont seul
un modèle avait une beauté exceptionnelle miroitant de tous ses feux et
quatre monades toutes rondeurs, en perdition dans un lieu
indescriptible mi-céleste mi-terrestre, images en quête de règles
nouvelles pour accompagner le merveilleux Rudolf.
Mais lui seul est en état de grâce, les
autres s’efforcent, balancés par un vent de lourdeur, rythme désaccordé,
autre sphère, autre musique, autre monde.
Écho rompu
Chenapans
Clef de sol
Détournement ou Retournement ?
Matisse jeu du réel, Nietzsche jeu des croix migratrices
Matisse ouvre la voie aux fauves, Nietzsche mène les ânes à la fête
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