Un jour je rencontrai un
homme. Il était très beau.
Nous avons pris nos
pinceaux nos tubes et nos pigments et nous sommes partis bras-dessus
bras-dessous. Je ne savais rien de lui il ne saura jamais rien de
moi.Nous ne parlions pas la même langue ; l’une venait du
nord et l’autre du sud.
Lui était naturellement
homosexuel et moi je pensais : si tu pouvais être un
homosexuel-hétérosexuel tu serais le parfait maître de nos
parentissimes pigments pareils à nos magistrales images de la vie.
Même
Michel-Ange unissait sa voix aux nôtres : « Bacon dépeint
le bénévolat de la vie et de la mort pendant le moment même où il
peint un homme en pleine intimité avec sa chair vivante juste avant
de passer dans l’ombre du tableau. Même Marie réaliserait
aventureux de marier le rouge et le noir avec autant d’art et
autant d’omerta que dans ce Triptych où
la vie commence entre deux parois, brutale à peine engagée dans le
monde des humains comme écrasée par un rocher de granit pour finir
en plein emploi de temps dans le réglementaire mariage du
sempiternel mirage des imitations de la variété des arpenteurs de
l’immensité de la planète Art ».
Ce Triptych est
manufacturé comme on dirait rué hors des parois vaginales d’un
muet nudifié par
une variété de femme sans imagination mais centralisée sur une
méthode de modèle rare pour mettre bas. Même Michel-Ange
murmurerait, mais de qui Dieu s’est-il moqué ?
Entre charme et rugissement, entre image et tuerie de l’image, entre
mutisme, magnétisme du tableau et aptitude à émulsionner le
rudimentaire et l’immense complexité de la créativité, cette monstrueuse magnifique toile de 1951
riante du sang versé narquois mystique virginal nordique musclé jaspé eut cette veine animée par la vie quand elle atteint le
sublime de l’image de la voracité de la vie.
En
cheminant nous arrivâmes à la moitié du chemin, « nel
mezzo del camin »,
répugnant à nous dire au-revoir malgré le magnifique moment
partagé dans les méandres d’un corps naturellement harmonisé
dans le monde des pigments et des pinceaux en soie astiqués comme
une argenterie usée depuis belle lurette mais encore en état de
faire semblant de briller.
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