mardi 25 octobre 2016

Les Jolis Noms des Octobres 2016






Je ne sais pas comment ça arrive, comment les lenteurs s’ orga­nisent pour nous atteindre, par quelle voie nous pouvons nous ou­vrir à elles mais un lieu ou un temps arrive comme arrivent les saisons , les pluies où les concernés, les éveillés, initiés du rien entrent dan le jeu de l’emballement d’ un quotidien qui attendait comme l ‘ami perdu de vue qui revient éclairer un Octobre ciselé de peines , de célébrations, de robes de bal, de pluies fines et ou­bliées, de sourires esquissés , de voix assourdies dans un passé dont on aurait juré ne jamais les oublier .

Partie d’ Ajaccio fin septembre,pour une traversée de jour qu s’ an­nonçait ensoleillée et calme je me préparais à assister au vernis­sage de mon œuvre que j ‘avais dédicacée à BHLen hommage à « L’ Esprit du Judaïsme » .
J’avais réglé ça en professionnelle , la mise en place le 27, le der­nier coup de réglage le 28 et l’ouverture le 29 à 19h30 puis je re­gagnerai Paris.
Shimon Peres avait montré des signes d’ inquiétude depuis quelques jours et le 29 il nous quittait . Dans l ‘interview que
j ‘accordais au Centre Fleg je me dissimulais comme un petit sujet d’arrière fond de scène  ; mais en même temps être associée au nom de l ‘ un des père fondateurs d’ Israël donnait un sens inespéré à cette aventure artistique dont j ‘avais écrit que mon été était israélien . Mon invisibilité aussi bien en Israël que derrière mon micro me convenait parfaitement et me conférait une aura d’ humilité dont je ne me serais jamais crue capable .

Octobre avançait vers moi à sa façon .Octobre avait un nom de fa­mille , un prénom et même une carte d’ identité . Ma mère était née un 2 Octobre, décédée un 6 Octobre .Son criminel de fils avait pris le soin de naître un 2 Octobre aussi . Mon père décédé le 6 Octobre , enterré le 9 Octobre tout cela dans un espace matériel immatériel aux frontières invisibles tracées par des signes auda­cieux .Audacieux et tenaces comme les incontournables vices et défauts de notre condition .



Ma mère avait libéré sur terre l ‘être qui allait commettre l ‘acte ignoble par excellence un professionnel de la santé foutant le camp au bout de la terre en laissant sa mère aux mains d’ une poignée de robots dans un centre nommé Cerilly incriminé publiquement pour maltraitance sur personnes fragiles .

Nous sommes le 6 Octobre mon itinéraire sur Paris est interrompu par une fièvre massive . Frissons violents . Arrêt sur Octobre dans un hôpital de campagne . Je reste deux jours dans un état semi -comateux, perfusée, cloutée , emballée , éraflée comme une vérité passagère annoncée mais déjà blessée . Yeux clos, yeux ouverts , une fois achevées les statues ne savent pas mentir.

Entre deux lignes, Jeanne est passée ce jour d’ Octobre dans ma chambre sans s’attarder . À peine a- t-elle pris le temps de partager ce qu ‘elle « lisait au plafond » depuis sa jeunesse .Très délicate­ment je posais deux gouttes « d’huile radieuse » sur son front car j ‘ai toujours pris soin de ma peau et il me semblait que c’était un geste dû à ce qui avait été Jeanne et qui n ‘était plus Jeanne .
Nées d’ un restant de petit visage nu sans ses veines de grandes ailes d’ amour caressantes, vibrantes de secrets de petits souffles des grandes voix d’un autre temps ont célébré dans une parcelle de temps Les Jolis Noms des Octobres 2016.

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