vendredi 17 février 2012

Mon dessin a été la résurrection de mon Juillet 62.



Ben Bella était passé devant le 47 Route de la Marine, le quartier des marchands de vins de Mostaganem sur le coup de onze du matin. Hissé sur le plateau d' un camion décoré de branches de palmiers, le triomphe aux lèvres,les bras en signe de victoire ; entouré d' un groupe  de fedayins , probablement les futurs dirigeants de mon pays .Une douzaine de voitures suivaient , avec des haut-parleurs qui diffusaient de la musique. Des vieux étaient assis sur le trottoir, la petite épicerie italienne en face, était ouverte ;
Je n'avais pas encore saisi l'envergure de mon drame ; parce que c'était l 'été , que j'étais dans ma maison, que dans une heure j 'irai aux Sablettes, et que rien ne pouvait m'arriver dans cette éclatante matinée de Juillet .
Ce soleil-là exprimait la vie mieux que ne le feraient jamais des mots enflammés , armés de chagrin.
Nous ferons encore quelques belles vendanges à Oued El Kheir, et je ne cesserai de parcourir pendant quelques années encore le Haut Dahra avec Boularas mon gardien ,curieux de trouver son nom dans mon dictionnaire puisqu ' il y avait tous les noms !
Un jour, après que les ravins du Chelif aient disparu sous mes pieds nus, que j 'ai franchi ces frontières invisibles citées dans l 'Histoire, privée de mon ange gardien , que même l 'ombre de Boularas se soit évanouie, livrée comme un ballot à la mièvrerie d' un vent mauvais, je me livrais pudique, enflammée, la Méditerrané dans les entrailles, à ce jeu des artistes pris dans les filets de la moulinette du passé muré dans leur cœur .
Mon dessin a été la résurrection de mon Juillet 62.

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