dimanche 13 mars 2016

« Je vous écris d’ Oran » … comme je dirais je marche sur les eaux ou je m’envole sur un chameau .




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Mon grand père Caggini avait ouvert sa maison de Gambetta à Oran pour accueillir des Espagnols politiques sans distinction de rang social . IL y eut dans les chambres de haut en bas de la maison des chirurgiens des électriciens des maçons et des universitaires . Des décennies après que mon grand- père ait quitté cette terre, il y avait encore chez nous des gens qui me parlaient en espagnol de Picasso , de Garcia Yorca, qui venaient manger à deux heures de l ‘après midi ou à onze heures du soir . Nous, les enfants trouvions ça naturel . Il reste que je peux comprendre cette langue .

J’ai grandi à Oran , Sur le parcours qui menaient à la rue Beauprêtre une cote rude qui me­naient au lycée  nous partions en groupe, laissions Rue Gal Leclerc devant l ‘École Jeanne d’Arc celles qui portaient un uniforme . Les autres , comme moi avaient encore une bonne trotte à faire avant de passer devant la Cathédrale , acheter un agua limone et traverser la cour de l ‘ancien couvent transformé en Ly­cée . Elles s’appelaient Myriem , Estelle, Kenza , Leila ,Maria, elles portaient un tablier bleu , c’est tout .C’était le temps des soquettes blanches  des mises à la porte de la classe pour un fou rire qui dissipait les copines des visites impromptues de la directrice où les bancs claquaient quand on se levait pour la saluer , des colles du samedi après-midi et des jupes sages .
Les garçons qui avaient les mêmes horaires que nous tournaient au coin du Clichy pour rejoindre le Lycée Lamoricière . Mon père l ‘avait fréquenté .
Ma mère avait été elle aussi dans le même Lycée que moi . 
 
Le tout pouvait nous faire croire que nous étions chez nous .

Mes grand- parent paternel et maternel avaient eu un parcours plus exotique .

C’est la fin d’ une histoire d’ enfance . Aristote se trompait tout s’est renouvelé constamment dans mon univers mis sens dessus-dessous.

Une fission venue des armées de l ‘Histoire me ramenait sur les rives d’ une planète où on m ‘appe­lait « pied- noir »! Mais à y regarder de plus prés je me demande ce qui me distinguait des no­mades du pays qui s’enfonçait loin derrière les côtes algériennes, eux qui sillonnaient le désert à dos de chameau sans se soucier du cafouillage des choucas embourbés dans les coins mortifères pleins de détritus . Des silhouettes bleues qui maîtrisaient leur espace , connaissaient les puits , les oasis , savaient faire de quatre bouts de chiffons un abri pour leurs femmes et leurs enfants . Ils occupaient le territoire mais ne le possédaient  pas ; la simplicité et la grandeur de leur solitude m ‘ont fait entrevoir des frontières invisibles .


Enrobée de bleu parcourant une cartographie à échelle cosmique, je commence une aventure qui me confère un état privilégié d’ ubiquité , un pied en Chine et
l ‘autre en Amérique , tel un oiseau à deux pattes dansant le hip -hop et le pas de deux comme Salah le danseur des rues . Sa gestuelle enseignait la rage du siècle en marche .
La logistique de monstres à visages humains, fossoyeurs de la moitié du début vingt et unième siècle ouvre le Bal des Maudits. Ma pugnacité vole dare -dare en 3 nano secondes au secours des miens pris dans les filets d’ une destruction massive de la raison raisonnable; citoyens menacés, embarqués dans une aventure voilée, muselés, radiés d’ un coup de canine d’un Reflets Temporel menacé de peste , paisibles, innocents, tissés, métissés demandent protection devant une une horde déferlante .


Reste que ma soirée à regarder « The pianist » fut un grand moment avec la vie et la mort, un art de mener encore plus loin le cataclysme d' un jour de guerre dans le pays où la valse et le monastère ont joué la plus inconce­vable des monstruosités de la terre, sans perdre un seul instant, sans une once de répit dans une juxtaposition d' horreurs et de magies venues du fond des âges entre des murs de parpaings ensanglantés par la mort de joueurs de luth amoureux de leur monde .



Il fait nuit , il fait beau .
Une belle émotion en même temps une image sacrée : ma mère m’offrit chaque jour un prélude de Bach qui m ‘apaisait avec un mot que je médite encore «  Toi c’est moi et moi c’est toi ». Chaque note comme chaque lettre résonne en moi comme un sacrement .








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