Mon
grand père Caggini avait ouvert sa maison de Gambetta à Oran pour
accueillir des Espagnols politiques sans distinction de rang social .
IL y eut dans les chambres de haut en bas de la maison des
chirurgiens des électriciens des maçons et des universitaires .
Des décennies après que mon grand- père ait quitté cette terre,
il y avait encore chez nous des gens qui me parlaient en espagnol
de Picasso , de Garcia Yorca, qui venaient manger à deux heures de l
‘après midi ou à onze heures du soir . Nous, les enfants
trouvions ça naturel . Il reste que je peux comprendre cette langue
.
J’ai
grandi à Oran , Sur le parcours qui menaient à la rue Beauprêtre
une cote rude qui menaient au lycée nous partions en
groupe, laissions Rue Gal Leclerc devant l ‘École Jeanne d’Arc
celles qui portaient un uniforme . Les autres , comme moi avaient
encore une bonne trotte à faire avant de passer devant la Cathédrale
, acheter un agua limone et traverser la cour de l ‘ancien
couvent transformé en Lycée . Elles s’appelaient Myriem ,
Estelle, Kenza , Leila ,Maria, elles portaient un tablier bleu ,
c’est tout .C’était le temps des soquettes blanches des
mises à la porte de la classe pour un fou rire qui dissipait les
copines des visites impromptues de la directrice où les bancs
claquaient quand on se levait pour la saluer , des colles du samedi
après-midi et des jupes sages .
Les
garçons qui avaient les mêmes horaires que nous tournaient au coin
du Clichy pour rejoindre le Lycée Lamoricière . Mon père l ‘avait
fréquenté .
Ma
mère avait été elle aussi dans le même Lycée que moi .
Le
tout pouvait nous faire croire que nous étions chez nous .
Mes
grand- parent paternel et maternel avaient eu un parcours plus
exotique .
C’est
la fin d’ une histoire d’ enfance . Aristote se trompait
tout s’est renouvelé constamment dans mon univers mis sens
dessus-dessous.
Une
fission venue des armées de l ‘Histoire me ramenait sur les rives
d’ une planète où on m ‘appelait « pied- noir »!
Mais à y regarder de plus prés je me demande ce qui me distinguait
des nomades du pays qui s’enfonçait loin derrière les côtes
algériennes, eux qui sillonnaient le désert à dos de chameau sans
se soucier du cafouillage des choucas embourbés dans les coins
mortifères pleins de détritus . Des silhouettes bleues qui
maîtrisaient leur espace , connaissaient les puits , les oasis ,
savaient faire de quatre bouts de chiffons un abri pour leurs femmes
et leurs enfants . Ils occupaient le territoire mais ne le
possédaient pas ; la simplicité et la grandeur de leur
solitude m ‘ont fait entrevoir des frontières invisibles .
Enrobée
de bleu parcourant une cartographie à échelle cosmique, je commence
une aventure qui me confère un état privilégié d’ ubiquité ,
un pied en Chine et
l
‘autre en Amérique , tel un oiseau à deux pattes dansant le hip
-hop et le pas de deux comme Salah le danseur des rues . Sa gestuelle
enseignait la rage du siècle en marche .
La
logistique de monstres à visages humains, fossoyeurs de la
moitié du début vingt et unième siècle ouvre le Bal des
Maudits. Ma pugnacité vole dare -dare en 3 nano secondes au
secours des miens pris dans les filets d’ une destruction massive
de la raison raisonnable; citoyens menacés, embarqués dans une
aventure voilée, muselés, radiés d’ un coup de canine d’un
Reflets Temporel menacé de
peste , paisibles, innocents, tissés, métissés demandent
protection devant une une horde déferlante .
Il fait nuit , il fait beau .
Une belle émotion en même temps une image sacrée : ma mère m’offrit chaque jour un prélude de Bach qui m ‘apaisait avec un mot que je médite encore « Toi c’est moi et moi c’est toi ». Chaque note comme chaque lettre résonne en moi comme un sacrement .
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