jeudi 3 mars 2016

"Nicolas de Staël, peindre des cathédrales "




http://salon-litteraire.com/fr/peinture/review/1938797-nicolas-de-stael-peindre-des-cathedrales



"Une existence entre les abîmes, avançant sur le fil coupant et fragile des jours qui flamboient et brûlent, partant pour un voyage entre les rivages contradictoires de la joie la plus vive et de la tristesse la plus aiguë, pour un parcours de liberté et de captivité en soi-même. L’ardeur qui crépite et le bonheur qui se consume. « Voilà, René, j’arrive au bout, un peu sur le tranchant des nerfs ». La correspondance qu’il a avec René Char est révélatrice. Le poète lui écrit en avril 1952 : «  Ton tableau a l’odeur d’un bouquet d’étoiles de chaleur. Tout s’y passe dedans comme le cœur et l’exigence, la difficulté de notre esprit et la simplicité de notre sensibilité ardemment le demandent ». D’un côté la matière qui appelle la terre, de l’autre l’esprit qui aspire vers le ciel. On ne saurait sans perdre l’essence des deux réduire l’homme à son œuvre et celle-ci à son auteur. Ils se dépassent l’un l’autre, il l’engendre en permanence, elle le fait renaître sans cesse. Entre tous ces points extrêmes, un parcours de lumière, un trait de feu, des étincelles dans un firmament nocturne. Alors que d’autres promesses seraient à venir, la mort survient qui les annule. Exilé et orphelin jeune, Staël va vers des villes étapes pourrait-on dire, progresse dans ce cheminement de soi - Bruxelles, Paris, Madrid, Marrakech, Sousse, Palerme, Ménerbes, Antibes - où il se forme, découvre d’autres mondes, noue des amitiés et partage des rencontres - Magnelli, Braque - qui ont du poids, où il travaille sans relâche, où son existence s’achève. Le génie de Nicolas de Staël se forge autour de ces signes et se façonne avec ces références. Tout sera dépassé peu à peu. Lecteur avide, écrivain talentueux, son style est le miroir même de sa nature, généreuse, émouvante, sensible, né en lui au profond de son cœur comme le sont ses tableaux. « Sa correspondance est en quelque sorte en avance sur son travail pictural ». Un mot s’impose, qui allie à la fois la lumière et le feu, la vitesse et l’imprévisible, la puissance et l’éphémère : fulgurance."

Aucun commentaire: