http://www.franceculture.fr/emissions/hors-champs/dominique-fernandez-la-passion-de-l-italie
Laure Adler rencontre Dominique Fernandez. Ecrivain et membre de
l’Académie française, grand voyageur, il est l’auteur de «
Correspondance indiscrète » (ed. Grasset, 2016)
On dit parfois de Dominique Fernandez qu’il possède un fort esprit de contradiction :
«
Oui c’est vrai ! (…) Pour des raisons à la fois familiales,
personnelles, je me suis toujours considéré en marge, marginal, dès
l’âge de dix, onze ans.(…) Je me sentais différent. Sans doute à cause
de mon homosexualité.»
"Ce que l’on appelle une vie de famille, je n’en ai pas eu."
Son enfance ne fut pas facile,
« Mes parents étaient séparés
quand j’avais trois, quatre ans je crois ; donc moi, je n’ai presque pas
connu mon père. (…) J’ai vécu avec ma mère qui était très sévère, très
puritaine et, donc, ça aussi c’est un facteur d’isolement. (…) Ce que
l’on appelle une vie de famille, je n’en ai pas eu. »
"Il y avait un art de vivre, un art du bonheur."
Lors d’un voyage, alors étudiant, il découvre l’Italie, pays avec lequel il tissera des liens intimes
«
Tout était plus beau et en plus, plus agréable. Il y avait un art de
vivre, un art du bonheur.(…) Je suis parti avec des étudiants voir le
Pape, (…) un voyage d’étudiants pas cher, et donc je me suis agrégé à ce
groupe. (…) C’est à cette occasion que j’ai découvert Rome et puis
Florence, et c’était un émerveillement absolu. »
"La moitié de ma vie s’est passée en Italie."
« Quand je suis allé à vingt ans en Italie, ça a été une
renaissance, ou même une naissance. Je suis né. J’ai décidé de changer
mes études. (…) J’avais tellement envie, tellement besoin de vivre en
Italie. J’ai appris l’italien et en ai fait mon métier même. (…) La
moitié de ma vie s’est passée en Italie. »
"Comment est-ce qu’il a basculé dans la collaboration? Ça reste un mystère."
De son père, il garde un souvenir ambivalent, puisque, malgré l’amour
qu’il lui porte, Dominique Fernandez n’a jamais réussi à comprendre son
engagement fasciste.
« Mon père est mort en 44, le 2 aout 44, il
était collabo, il était passé du communisme au fascisme. (…) Marguerite
Duras avait dit qu’elle est devenue communiste comme mon père est devenu
fasciste : pour résoudre leurs problèmes personnels. (…) Moi je n’ai
pas élucidé le mystère de sa conversion au fascisme. Qu’un homme qui
était ami de Gide, de Malraux, de Paulhan, de Mauriac, tous ces gens qui
étaient plutôt dans la résistance. Comment est-ce qu’il a basculé dans
la collaboration, ça reste un mystère. Je l’admire plutôt pour son
travail de critique (…), mais j’ai toujours condamné son action
politique. J’ai écrit six-cent pages pour me l’expliquer et je n’ai
toujours pas compris. »…
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