Richter sur Picasso, Messiaen, Boulez...(1967)
Rencontre
d'été. La Grange de Meslay, dans la blondeur tourangelle,
Sviatoslav Richter me parle... "peinture ".
" Mes deux soirées avec Picasso ont beaucoup compté... La première fois, c'était pour ce qu'il appelait son " centenaire " — son 80' anniversaire — et où je jouai pour lui, et une autre, où faute de piano, je ne jouai pas ... En peinture, je l'aime, lui, puis Mondrian, Malevitch, Miro (mais pas les Miro de la fondation Maeght), Giacometti et Hartung... Oh! Hartung, c'est une passion ! "
"Coté Musique", Richter a reçu une très forte impression de sa rencontre à Meslay avec Olivier Messiaen.
" L'homme et sa musique m'ont bouleversé. La musique est d'une limpidité, d'une lumière, d'une clarté mystérieuse et toute prenante. Oui, impression plus que forte. Ce qui m'a frappé dans la musique de Messiaen, c'est que, malgré sa difficulté, je la trouve d'un envol, d'une pureté saisissantes. Elle est accomplie. Ce n'est nullement la peine de s'inquiéter, de se demander si elle fertilisera les jeunes générations: elle est close comme est close - sans lui ressembler pourtant - l'œuvre de Scriabine. En musique, j'ai trois grandes passions: Chopin, que je préfère à tous et dont la littérature pianistique est une merveille, Debussy et Wagner, qui, hélas, comme vous le savez, n'a rien écrit pour le piano. Maintenant, je veux m'attaquer à Messiaen, j'aime beaucoup son sens des couleurs..."
" Les opéras importants, selon moi: Katarina Ismaliova, La Duègne, Barbe-Bleue de ce cher Bartok. Janacek m'intéresse mais ce n'est pas une passion. J'aime Pelléas et Mélisande et La Tosca, Carmen et Turandot. J'espère - mantenant que je " dirige " - diriger un jour un opéra... Ce que j'aime dans la vie ? J'aime tout et parfois trop... "
" Boulez? Je l'ai entendu lorsqu'il est venu à Moscou. Je trouve que c'est un remarquable chef d'orchestre. Il est évident qu'il a tous le moyens de réaliser ce qu'il désire: intelligence, sensibilité, lucidité, technique. Il est — techniquement — convaincant. C'est indéniablement une grande personnalité, un grand chef. ... Et puis, je trouve très beau qu'un compositeur moderne dirige Wagner et Mozart et ne ferme pas la porte aux classiques. Quant à son œuvre Eclat, je l'ai entendu deux fois, mais cela ne suffit pas pour que je la comprenne "
" Mes deux soirées avec Picasso ont beaucoup compté... La première fois, c'était pour ce qu'il appelait son " centenaire " — son 80' anniversaire — et où je jouai pour lui, et une autre, où faute de piano, je ne jouai pas ... En peinture, je l'aime, lui, puis Mondrian, Malevitch, Miro (mais pas les Miro de la fondation Maeght), Giacometti et Hartung... Oh! Hartung, c'est une passion ! "
"Coté Musique", Richter a reçu une très forte impression de sa rencontre à Meslay avec Olivier Messiaen.
" L'homme et sa musique m'ont bouleversé. La musique est d'une limpidité, d'une lumière, d'une clarté mystérieuse et toute prenante. Oui, impression plus que forte. Ce qui m'a frappé dans la musique de Messiaen, c'est que, malgré sa difficulté, je la trouve d'un envol, d'une pureté saisissantes. Elle est accomplie. Ce n'est nullement la peine de s'inquiéter, de se demander si elle fertilisera les jeunes générations: elle est close comme est close - sans lui ressembler pourtant - l'œuvre de Scriabine. En musique, j'ai trois grandes passions: Chopin, que je préfère à tous et dont la littérature pianistique est une merveille, Debussy et Wagner, qui, hélas, comme vous le savez, n'a rien écrit pour le piano. Maintenant, je veux m'attaquer à Messiaen, j'aime beaucoup son sens des couleurs..."
" Les opéras importants, selon moi: Katarina Ismaliova, La Duègne, Barbe-Bleue de ce cher Bartok. Janacek m'intéresse mais ce n'est pas une passion. J'aime Pelléas et Mélisande et La Tosca, Carmen et Turandot. J'espère - mantenant que je " dirige " - diriger un jour un opéra... Ce que j'aime dans la vie ? J'aime tout et parfois trop... "
" Boulez? Je l'ai entendu lorsqu'il est venu à Moscou. Je trouve que c'est un remarquable chef d'orchestre. Il est évident qu'il a tous le moyens de réaliser ce qu'il désire: intelligence, sensibilité, lucidité, technique. Il est — techniquement — convaincant. C'est indéniablement une grande personnalité, un grand chef. ... Et puis, je trouve très beau qu'un compositeur moderne dirige Wagner et Mozart et ne ferme pas la porte aux classiques. Quant à son œuvre Eclat, je l'ai entendu deux fois, mais cela ne suffit pas pour que je la comprenne "
"Opus
International" - Éditions Georges Fall., 1967.
Postato 10th December 2010 da Corrado
Grandis
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