http://bobines.blogs.liberation.fr/bobines/2012/11/patricia-peint-et-chante.html
C'était l'amour de son verbe qu'on partageait, Le verbe, c'était le
verbe le plus important pour lui, le verbe parlé, le verbe dit, le
verbe coulé, le verbe éructé, le verbe de la parole qui entrait dans la
vie comme on force une porte, comme on oblige la vie à dépoussiérer ses
jupons, le verbe qui s'invitait dans les cafés, les rues, les meetings,
au téléphone, les matins comme le soirs, un ton sympa, un désir de vie,
parle donc, au lieu de rester là à me regarder.
Il y avait le verbe du matin, le regard, les gens à qui l'on parle,
ceux qu'on salue, les endroits où l'on s'invite, où le verbe invite le
verbe.
Les mots, ça part de là et ça remonte du ventre, un dialogue, une
conversation, une bonne engueulade, une colère, rire aussi, s'inviter
dans la vie en écoulant la parole, en regardant, en appréciant.
Il y avait les regards, les yeux, qui ne lâchaient rien , qui
semblaient comprendre dans une certaine beauté le monde, et puis les
mots qui ne lâchaient rien, qui regardaient eux aussi.
J'étais accroché, fasciné depuis si longtemps par ce regard au quel
il fallait donner à voir, qu'il fallait traduire, mettre en scène.
Patricia Loué est chanteuse, peintre.
©Bruno Levy
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