"Qu’il analyse un album de Tintin à la lumière de l’écrivain et journaliste italien d’origine allemande, Curzio Malaparte, comme dans l’un de nos hors-série, qu’il cherche le lien entre fascisme et nihilisme chez Emil Cioran ou qu'il écrive la chronique d’un livre d’Emmanuel Carrère – Le Royaume
–, Pierre Pachet reconnaît volontiers se mêler de tout, faisant de la «
curiosité une vertu énigmatique ». Lauréat du prix Roger-Caillois
récompensant un auteur francophone en 2011, il participe la même année à
un volume consacré à Simone Weil (Éd. Rue d’Ulm, 2011). Dans un dossier que nous consacrions à la philosophe, Pierre Pachet s’interrogeait après Simone Weil sur cette question centrale qui traverse L’Enracinement, écrit en 1943 : comment reconstituer ce qui a été rompu ? « Pour Simone Weil, poursuivait-il, le
monde est porteur d’une révélation, enseignée par le christianisme,
mais également par la pensée des Grecs (Platon et les stoïciens) et par
les sagesses d’Extrême-Orient : à savoir qu’il est soumis à un ordre.
Cela, nous ne le comprenons plus. La science moderne en est, selon elle,
grandement responsable : alors que les Grecs cherchaient à connaître le
cosmos en s’ancrant délibérément dans le monde sensible, la science
moderne – celle de la physique quantique par exemple – développe à son
propos un langage formel, abstrait, incompréhensible. Un vide se crée,
qui permet la représentation d’un monde gouverné uniquement par
l’arbitraire et la domination humaine, ce que Simone Weil nomme la
“force” – une représentation portée à sa plus haute puissance par
l’hitlérisme. Mais voilà, écrit-elle, “la force n’est pas souveraine
ici-bas”. Contre elle, il faut ressaisir que l’univers est réglé, qu’il
est un filet de déterminations et de limites (ceci n’est pas cela).
Qu’il obéit à une sagesse éternelle, à Dieu ou, en termes platoniciens, à
l’Idée du Bien. »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire