La dernière bataille d'Umberto Eco
Mais il y a un aspect de la bataille civique menée par Eco qui était moins connu en France, et c’était son anti-berlusconisme. Silvio Berlusconi était pour lui l’incarnation de l’ignorance et de la vulgarité. Aussi, lorsque le Cavaliere s’empara le 4 octobre 2015, pour 217 millions d’euros, de la maison d’édition Rizzoli (ainsi que de Bompiani, Fabbri et Marsilio), Umberto Eco, qui publiait depuis toujours chez Bompiani, décida de démissionner.Décision non facile, mais inévitable : il ne pouvait pas travailler pour son ennemi politique. Vingt-cinq jours après, il annonçait avec d’autres écrivains qu’il créait une nouvelle maison d’édition appelée «La Nave di Teseo», le vaisseau de Thésée. Voici son explication:
« Plutarque, dans ses ‘‘Vies parallèles’’, raconte que les Athéniens enlevaient de ce vaisseau les éléments décadents ou amochés, et les remplaçaient au fur et à mesure par des morceaux tout neufs, au point qu’à la fin, il ne resta plus rien du vaisseau de départ. En résumé, notre désir est de faire de même: créer une réalité qui puisse ressembler à la Bompiani, qui ait le même esprit, mais qui soit aussi une autre chose.»
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