http://premium.lefigaro.fr/histoire/archives/2016/02/22/26010-20160222ARTFIG00057-paul-leautaud-vu-par-andre-billy-celui-qui-recevait-ses-visiteurs-du-mercure-a-quatre-pattes.php
Son Journal donne l'impression que ses mœurs n'avaient guère changé et que fort tard il conserva le goût de libertinage ,mais je dois avouer que au temps où je le fréquentais et où il m'invitait à déjeuner chez lui, à Fontenay-aux-Roses, dans sa maison pleine d'odeur de bêtes et où toutes les portes avaient été remplacées par du grillage, la présence des femmes ne s'y faisait pas sentir. Il me fit l'aveu qu'il venait d'être abandonné par une maîtresse avec laquelle il avait vécu en ménage quelque temps et dont il se contenta de me vanter l'anatomie, sans aucun propos grivois dont les hommes ne sont pas toujours chiches entre eux quand le sujet s'y prête. La conversation de Léautaud était rigoureusement chaste et si je ne me trompe, elle le resta formant contraste avec les descriptions que dans son Journal il nous faisait de ses amours et dont ceux qui le connaissaient ne peuvent pas ne pas être gênés.
Son attitude vis-à-vis de son patron, Alfred Vallette, directeur du Mercure, était assez ambigüe. Il avait pour lui un grand respect, mais son avarice l'indignait. Il s'estimait trop peu payé et ne se gênait pas pour s'absenter quand le caprice le prenait. À son avis, il en faisait encore bien trop pour les appointements qu'on lui versait. De son côté, Vallette, à qui les absences de son employé n'échappaient pas, tenait le raisonnement symétriquement inverse: selon lui, Léautaud était encore trop bien payé pour les services qu'il rendait. Cercle vicieux dont ils ne se sont jamais sortis.
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